«Comme la plupart des romans américains contemporains, La croisade solitaire est écrit avec le plus absolu souci de réalisme, donnant une version cruelle des faits, sans excuses, ni concessions. J'affirme très nettement que ces pages sont les premières à donner une peinture d'une indubitable authenticité quant aux rapports entre les Noirs, les communistes et les syndicats. L'attitude raciste du prolétariat américain choquera sans doute le lecteur français. Mais il ne faut pas oublier que les syndicalistes américains sont des hommes comme les autres, qu'ils ont en partage les qualités et les défauts d'une nation jeune, mal dégrossie, violente et désordonnée qui n'a pas encore bien conscience d'elle-même et qui, à bien des égards, peut à peine être appelée "nation" tant sont vastes et diverses ses réalités sociales, raciales et géographiques. Dans La croisade solitaire, l'Amérique ne nous est pas dépeinte par un propagandiste à la solde de l'État ni par un prophète inspiré de Dieu, mais par un jeune artiste noir dont la seule passion est de dire la vérité telle qu'il la voit et la sent. Ce livre (...) n'est ni anti ni procapitaliste; il est tout simplement humain. J'en recommande vivement la lecture aux Français qui désirent enfin être éclairés sur une phase cruciale de la vie américaine.»
Richard Wright, 1952
Traduit de l'américain par Janine Hérisson