Si les systèmes totalitaires du XXe siècle ont pu mettre
en place de vastes processus de barbarie, ils ne représentent
pas pour autant le seul modèle de la cruauté.
Il existe aussi une cruauté ordinaire qui se déploie au
quotidien, dans la vie du couple ou au travail.
A la différence de la férocité qui caractérise l'animal,
la cruauté constitue le propre (le sale ?) de l'homme
par le raffinement qu'elle suppose dans la volonté de
destruction d'autrui. Examinant de manière approfondie
le concept de harcèlement moral, souvent extensif
et faisant florès aujourd'hui, Yves Prigent propose une
véritable phénoménologie du Mal pour en percevoir,
ensuite, la dynamique profonde à la lumière de la
psychanalyse.
En effet, à travers une analyse métapsychologique,
il montre combien certaines attitudes visent à atteindre
la dignité de la personne, au point que celle-ci en vient
à s'autodétruire.
Le sujet se voit réduit à l'état de chose, victime
de la mécanique de l'ostracisme et d'un processus
de déshumanisation, l'individu se voit frappé d'une
«peine de mort psychique»...
A cette logique de l'horreur et du mal, Yves Prigent
répond par une contre-logique de l'honneur et de la
dignité, une éthique du respect en l'homme. Son analyse
se nourrit de nombreux exemples, privilégiant les
situations de violence psychique dans le couple.