La culpabilité allemande
« Celui qui est resté passif sait qu'il s'est rendu moralement coupable chaque fois qu'il a manqué à l'appel, faute d'avoir saisi n'importe quelle occasion d'agir pour protéger ceux qui se trouvaient menacés, pour diminuer l'injustice, pour résister. Même lorsqu'on se soumettait par impuissance, il restait toujours du jeu permettant une activité, certes non exempte de danger, mais que la prudence pouvait pourtant rendre efficace. On se reconnaîtra, en tant qu'individu, moralement coupable d'avoir par crainte laisser échapper de telles chances d'agir. L'aveuglement devant le malheur des autres, cette absence d'imagination du coeur, et l'indifférence intérieure au malheur même qui frappe la vue, tout cela constitue une culpabilité morale. »