La philosophie a-t-elle quelque chose à dire sur le monde contemporain? Peut-elle intervenir dans des débats publics pour contribuer à éclaircir leurs enjeux et aider à mieux définir les conditions d'une réponse?
La collection «Intervention philosophique» a pour ambition de montrer que l'on peut répondre positivement à ces deux questions.
Il n'y a pas de philosophie sans exercice de la raison. Mais outre ses usages spéculatif et pratique, la raison philosophique a également une fonction de critique publique. C'est cet effet public de la philosophie qu'il s'agit de restituer par la publication de textes prenant position sur des questions d'actualité.
Au lendemain de la deuxième Intifada, une situation inédite s'est créée en France. Les agressions antisémites ont connu une explosion sans précédent alors qu'un discours de dénigrement s'est répandu dans les médias et le débat public qui a touché Israël, mais aussi la communauté juive française. Faut-il y voir un dérapage ponctuel ou le symptôme d'un phénomène plus profond? Est-il lié uniquement aux événements du Proche-Orient ou à des logiques purement françaises? Et si tel est le cas, sont-elles uniquement relatives aux «tensions inter-communautaires» qui opposeraient, selon la rumeur publique, Juifs et Arabes dans une société qui assisterait en spectatrice désolée ou scandalisée à de tels débordements?
Tous ces événements sont certes liés, mais ils se passent avant tout en France et concernent pour la plus grande part des citoyens français. Le mérite de ce livre est d'en sonder la cohérence sociologique, idéologique et politique, spécifiquement française.
L'enjeu, gravissime, n'est pas simplement la laïcité mais l'identité nationale, devenue le tabou d'un système idéologique dominant qui vise à la défaire, celui-là même qui produit une nouvelle question juive mais bloque aussi l'intégration de la population immigrée. Or, c'est parce qu'elle était adossée à une identité nationale que la République avait réuni tous les citoyens.