On dit de tous côtés qu'il est urgent «d'éduquer à la démocratie» et que tel doit être, sans attendre davantage, l'objectif d'une «éducation à la citoyenneté».
Cela est peut-être vrai, mais encore faut-il d'abord savoir de quoi il s'agit : qu'est-ce que «la démocratie» ? Il y en a plusieurs modalités.
En outre, la démocratie est partout vantée, louée, présentée comme un idéal ou, du moins, comme le meilleur gouvernement possible. Et, cependant, si les régimes qui s'en réclament sont de plus en plus nombreux dans le monde, elle apparaît toujours précaire, menacée, fragile.
A quoi tient ce contraste, ce paradoxe ? C'est ce que l'auteur cherche d'abord à éclairer en identifiant les difficultés d'ordre structurel qui, malgré ses indéniables mérites, entraînent la mise en péril ou l'instabilité des démocraties. Le discernement de ces obstacles est sans doute plus efficace qu'une apologie aveugle qui, ignorant les problèmes, expose à la chimère.
Ce livre entreprend donc d'inventorier les équivoques qui s'attachent à la notion de démocratie, les risques auxquels elle est exposée, les tensions qu'elle ne peut éviter, les ambiguïtés constitutives qui la menacent.
Il peut alors - mais alors seulement - évaluer la part que l'éducateur peut prendre à la consolidation des régimes démocratiques. Ce rôle n'est ni tout ni rien et il doit être joué sans illusion ni fatalisme.