Dans un contexte de vieillissement démographique et de diversification continue des domaines d'intervention de l'État social, la dépendance a circonscrit un champ doté d'une autonomie suffisante pour être l'objet d'une politique spécifique. L'un des principaux enjeux fut la création d'un nouveau droit spécifique de prise en charge des besoins sociaux des personnes dépendantes. Plutôt que de mener le débat essentiel sur le choix entre une prestation d'aide sociale et la création d'un nouveau risque assurantiel, les pouvoirs publics français n'ont cessé de tâtonner, d'agir par étape, par essai-erreur. Cette activité de bricolage politique a fini par générer un droit social inédit, confirmant le leadership départemental tout en l'émancipant des caractéristiques de l'aide sociale. La justification d'un tel choix fait opportunément appel à l'idée d'un lien entre territorialisation et modalités techniques. Parce qu'il ne s'agit pas seulement de compenser financièrement un risque, le recours au local est en effet présenté comme le dépassement possible d'une logique de guichet. De fait, la mise en œuvre de la réforme s'accompagne d'une recomposition des politiques gérontologiques départementales autour des nouveaux impératifs de partenariat, de coordination, de gestion par cas.