Faut-il rembourser ses dettes ? Question des plus actuelles et
que l'on croit réservée à la sphère financière. En réalité, la dette
traverse nombre de domaines différents : de l'économique au
religieux en passant par les rapports d'amitié ou de belligérance,
elle régule au quotidien les relations humaines.
Aujourd'hui, la phase néolibérale de la société accentue le
caractère potentiellement asservissant de la dette en ne tolérant
quasi aucune remise ni aucun étalement, créant des sociétés
dramatiquement écartelées entre riches et pauvres, creusant
les fossés entre nantis et miséreux. Or, au coeur de la culture
occidentale figure le pardon que l'on peut définir comme un
mécanisme de remise et de redéfinition de la dette qui révèle
des dimensions anthropologiques excédant la seule vérité
économique.
Dans cette étude, un philosophe et un bibliste abordent la
question de la dette en la soumettant notamment à ce qu'en
disent les textes clefs du Nouveau Testament, la tradition
philosophique et l'anthropologie. A travers ce questionnement,
c'est toute une éthique de la relation humaine qui se profile,
évitant les processus naïfs de l'exonération systématique des
créanciers imprudents et, dans l'autre sens, prévenant la dérive
d'une réalité ancrée exclusivement dans une relation comptable
entre les êtres.