Géographie sociale
Loin des images stéréotypées et parfois caricaturales auxquelles renvoie la migration haïtienne, la réflexion présentée entend démystifier une expérience collective souvent mal comprise et cristallisant nombre de fantasmes nourris par l'histoire singulière d'Haïti. Dans quelle mesure la société haïtienne peut-elle être repensée à partir d'une réflexion sur sa diaspora ? En quoi le prisme diasporique éclaire-t-il d'un jour nouveau la compréhension du fait migratoire ? Peut-on convoquer la notion de territoire pour décrire la spatialité d'une organisation sociale marquée par la dispersion, la fluidité, la discontinuité, la précarité ?
L'auteur répond à la nécessité d'un renouvellement de la réflexion sur le rapport à L'espace haïtien en envisageant les expériences des migrants qui en sont originaires dans toute leur complexité, leur pluralité, leur fluidité, leurs nuances, leur universalité, et en concevant la diaspora comme un élément incontournable des mutations de la société d'origine.
Les Haïtiens ont répondu à la contraction du champ des possibles dans leur pays par une projection de leur espace de vie et de leurs réseaux familiaux, culturels, marchands et politiques au-delà du territoire stato-national. Les solidarités sociales contemporaines qu'ils ont construites, en articulant proximité des réseaux locaux et réticularité des réseaux transnationaux, constituent la marque de leur diasporité.
Les lignes de forces de cette diaspora sont mises en exergue à travers la régionalisation des réseaux migratoires, la métropolisation et les territoires circulatoires religieux et marchands. Pour autant, elle ne saurait être ni réifiée, ni substantialisée, tant son évolution historique, la pluralité de ses territoires et la dynamique de ses identités sont remarquables.