La dispute du fatalisme en France, fruit d'une recherche de
doctorat, reconstruit historiquement la dispute sur le fatalisme
engendrée par la publication de l'Essay on Man d'Alexander
Pope en France entre 1730 et 1760.
Traduit pour la première fois en 1736, ce poème fut à l'origine
d'un vaste et passionnant débat philosophique et religieux
impliquant le milieu de l'apologétique française et de célèbres
représentants de la culture anglophile en France (Silhouette, Du
Resnel, Serré de Rieux). Refusé par les défenseurs de la foi
chrétienne, jansénistes et catholiques, accueilli par les Philosophes
(Voltaire, Rousseau, mais aussi Morelly, Robinet) comme le
champion de la religion naturelle traduite en vers, Pope sut
catalyser, autour de son portrait de poète, philosophe et
visionnaire, les anxiétés et les espoirs d'une génération
intellectuelle à la recherche d'une religion délivrée de tout
ritualisme et de la superstition. De plus, son poème engendra
des débats acharnés au sujet de nombre de thèmes, tels la
liberté humaine face au déterminisme cosmique, le sens du mal
dans un monde gouverné par une harmonie omniprésente, la
condition de l'homme suspendu entre le tout et le néant, dans
la nécessité immuable de la chaîne des êtres.
Optimisme-pessimisme, liberté-nécessité, mal particulier-bien
universel sont les binômes qui reviennent comme des fils rouges
d'une dispute qui à presque trois siècles de distance ne cesse
d'interroger les consciences.