trop s'intéresser au discours public des dominants et des dominés, au détriment de leur discours « caché », par définition difficilement saisissable, on risque de ne pas même apercevoir la résistance effectivement opposée par les subalternes. Il y a là un véritable défi épistémologique pour les analystes du monde social et des situations de domination. Derrière le masque de la subordination et l'écran du consensus et de l'apparente harmonie sociale couve ce que James C. Scott nomme l'« infra-politique des subalternes » : la politique souterraine des dominés.
Dans toutes les situations de domination, même les plus extrêmes, ces derniers continuent, de façon dissimulée, à contester le discours et les pouvoirs dominants, à imaginer un ordre social différent. Fondé sur l'analyse de sociétés dans lesquelles il n'existe pas d'espace public où contester légitimement l'ordre existant, ce livre désormais classique offre des outils théoriques précieux pour celles et ceux qui cherchent à éclairer les formes subjectives de la vie sociale et les expériences de domination, d'exploitation et de répression.