La dynamique sociale de la confiance au coeur du projet
La systématisation du mode projet conduit la majorité des entreprises à l'apparenter à un fonctionnement de référence. Il sature l'espace organisationnel au sens où tous les métiers sont concernés et associés de l'amont à l'aval du processus. Il demande, à ce titre, à être appréhendé comme un dispositif inédit et un phénomène organisationnel d'ampleur.
La plupart des travaux s'intéressant à ce type d'organisation restent souvent silencieux sur la construction locale de l'échange et les processus de confiance la rendant possible. Or, le fonctionnement par projet cherche toujours à prévenir et à contenir les multiples aléas et difficultés rencontrés, et à s'appuyer sur des rapports de confiance indispensables à la transversalité des rapports de travail. Dans ces conditions, il convient d'appréhender la dynamique sociale de ce type d'organisation dans le désordre qu'il produit et la confiance qu'il requiert.
A la lumière d'un projet informatique, notre recherche nous a conduit à montrer la forme paradoxale du projet convoquant régulièrement la confiance tout en contrariant son établissement durable. Les relations de confiance prennent une forme obligée et précaire au sens où elles sont soumises aux tensions contradictoires de la temporalité du projet et à l'ambivalence d'acteurs contribuant à des groupes composites. De plus, la contribution à un projet expose les acteurs concernés à vivre une expérience de l'insécurité dans leurs relations et leur environnement de travail, avec pour conséquence de susciter la méfiance et d'affecter la subjectivité des individus.