Longtemps, les Agnelli ont régné sur l'Italie. Ils incarnaient
le pouvoir, l'argent, mais aussi une certaine
autorité morale dans un pays où l'Etat brille souvent par
ses carences. Plus d'un siècle après la fondation de Fiat, la
dynastie turinoise a été brutalement confrontée en 2003
à la disparition du patriarche, Gianni Agnelli. La mort de
l'«Avvocato» laisse un immense vide. Elle intervient au
moment où l'empire Fiat traverse la crise la plus grave de
son histoire. Crise financière, mais aussi morale, liée à
l'effondrement d'un système de valeurs. La dynastie
pourra-t-elle survivre au patriarche ? Serait-ce là le
crépuscule des idoles ? Quelle liberté de manoeuvre aura
Jaki Elkann, le jeune dauphin désigné ? Durement éprouvé
par les fractures intimes, le «clan Agnelli» n'échappe
pas aux désarrois d'une société italienne que l'hebdomadaire
The Economist n'hésite pas à comparer à la
décadente République de Venise. Cette enquête sans
complaisance jette une lumière nouvelle sur l'influence
d'une famille. Elle révèle aussi sa part d'ombre, ses
déchirements internes et ses contradictions.