Cet ouvrage évoque le développement, à la Renaissance, d’une catégorie de fictions caractérisées à la fois par leur invraisemblance comique et par leurs prétentions philosophiques. Cette tension, qui rappelle les Histoires véritables de Lucien, s’observe notamment dans les six « fantaisies » analysées, le Momus d’Alberti, le Roland Furieux, le Baldus de Folengo, les livres rabelaisiens, les Saisons de Ronsard, la Nouvelle Fabrique de Philippe d’Alcripe. Ces études de cas sont précédées de chapitres théoriques, qui examinent le statut que les poétiques réservent aux fictions qui exhibent leur fausseté : loin d’être systématiquement assimilées au mensonge ou décriées comme des échecs esthétiques, elles bénéficient de la valorisation de l’invention fictionnelle, de l’étonnement et des productions de la fantaisie créatrice. Elles entretiennent cependant un rapport ambigu avec la tradition de la lecture allégorique, à laquelle elles se réfèrent tout en résistant à la domestication herméneutique.