La théorie littéraire se constitue à partir des années 1950 au carrefour
de la Nouvelle Critique, de la mouvance structuraliste et de pratiques
littéraires avant-gardistes (du Nouveau Roman à Tel Quel), avec le
projet de défendre l'autonomie et la spécificité de l'espace littéraire.
Dans quels contextes culturels une telle aventure a-t-elle pris forme ? Quels en
étaient les enjeux ? Et pourquoi, vingt ans après son effacement du paysage
intellectuel, continue-t-on de dénoncer ses effets délétères ? Pour répondre à
de telles questions, Vincent Kaufmann propose une histoire raisonnée et
personnelle de l'aventure de la théorie littéraire. Il éclaire des notions aussi
centrales que la «réflexivité», la «mort de l'auteur» ou la «production du texte,»,
souvent mal comprises. Il montre aussi que la «théorie» fut un lieu incontournable
de résistance et d'anticipation : résistance au déclassement
progressif de la chose écrite et anticipation des transformations des pratiques
d'écriture et de lecture dans le nouveau monde numérique. Une manière
de dire que les outils de la théorie littéraire n'ont jamais été aussi utiles
qu'aujourd'hui, et que l'étude de la littérature reste inséparable d'une
réflexion critique sur la place de l'écrit dans nos sociétés.