La femme aux pieds nus
Cette femme aux pieds nus qui donne le titre à mon livre, c'est ma mère, Stefania.
Lorsque nous étions enfants, au Rwanda, mes soeurs et moi, maman nous répétait souvent : « Quand je mourrai, surtout recouvrez mon corps avec mon pagne, personne ne doit voir le corps d'une mère. »
Ce livre est le linceul dont je n'ai pu parer ma mère. C'est aussi le devoir de piété filiale de faire revivre, grâce à l'écriture, les travaux et les jours, les traditions ancestrales d'une communauté obstinée à survivre mais qui se sait vouée à une extermination programmée. C'est, au seuil du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, son histoire, c'est notre histoire.