Boston, automne 1967. Une séduisante jeune femme dans un parc aborde un inconnu. Coït hâtif. Après quoi, elle se jette par la fenêtre. C'est Louisa, la fille aînée d'Henry Rutledge, professeur de sciences politiques à Harvard, grand bourgeois libéral et fort riche, célèbre au sein de l'Establishment grâce à un ouvrage de tendance anti-hégélienne. Membre du parti démocrate, il collabore avec le sénateur Bill Laughlin, politicien en vue qui brigue le mandat présidentiel.
Henry Rutledge traverse lui aussi une crise. Bien qu'il ait fait un mariage d'amour, il n'a pas toujours été un mari sans reproche. Sa femme s'est mise à boire. Elle est devenue la maîtresse de son ami Laughlin. Ses deux filles, aux yeux de qui il fait figure de social-traître, ont glissé vers la contre-culture. Louisa, après un mariage malheureux avec un hippie, en Californie, se veut révolutionnaire.
Le professeur médite sur le bilan négatif de sa vie, la ruine de sa foi démocrate, la prise de conscience politique de ses étudiants. Le suicide de sa fille lui semble symptomatique d'une corruption généralisée. Devant les jeunes gauchistes de son séminaire, il perd le sang-froid et se laisse entraîner dans un complot contre Laughlin, en vue d'une guerilla urbaine.
La révolte de Louisa, drame domestique au départ, éclaire la fermentation universitaire et la chronique du radicalisme américain, entre l'avènement de J. F. Kennedy et la candidature de Mac Carthy. Cette révolte de la jeunesse, telle que la vivent les enfants et telle que leurs pères s'appliquent à la penser, est l'exemple de la mutution sans précédent des mœurs et des idées qui, d'une génération à l'autre, a fait surgir des cendres encore tièdes du libéralisme, l'idéal libertaire des campus.