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Historien, journaliste, essayiste, ami de Proust, de Malraux, de Drieu la Rochelle, Emmanuel Berl (1892-1976), partisan des accords de Munich et hostile à la déclaration de guerre en 1939, est appelé dans l'entourage du maréchal Pétain devenu chef du gouvernement. Avec cet ouvrage paru en 1968, il se refusa à faire œuvre d'historien, faute de la distance nécessaire ; il se voulut plus simplement mémorialiste de ce qu'il avait 'vu, senti, pensé'. Il en résulte un ouvrage irremplaçable : de fait, Berl connaît de longue date tous les protagonistes du drame qui se joue ; il est l'ami de plusieurs d'entre eux et, directeur de Marianne, il a discuté leurs décisions au fil des crises qui se succédaient ; il connaît les entourages. On fait souvent appel à lui, pour écrire un projet de discours de Reynaud ou bien encore deux des discours prononcés par Pétain entre la demande d'armistice à l'Allemagne et la fin de la IIIe République, le 10 juillet 1940. Qui ne connaît ces formules qui firent les beaux jours de la propagande vichyssoise : 'Je hais les mensonges qui vous ont fait tant de mal' et 'La terre, elle, ne ment pas'? Berl quittera Vichy dès le 25 juillet, pour se cacher en Corrèze, du fait de son judaïsme, qu'il n'avait 'jamais eu le propos de renier', sa 'fidélité à l'alliance anglaise', sa certitude que la Révolution nationale était 'une inquiétante et grotesque bouffonnerie', enfin sa 'conviction, jamais ébranlée, que l'Allemagne hitlérienne serait battue'.