Hervé Bazin a fait son Tour d'Europe de la folie pour le compte de l'Office national de la santé ; on sait qu'il en a rapporté une série d'études dont la récente publication dans France-Soir a été retentissante. On se devait de conserver et de répandre ce document capital sous la forme d'un livre : il est donc devenu La fin des asiles.
La conclusion d'Hervé Bazin est optimiste : "La psychiatrie n'est plus la science du malehur, écrit-il, elle deviendra peut-être demain la science du bonheur". Conclusion d'autant plus frappante que s'il fallait en croire seulement les chiffres, jamais l'état mental du monde n'aura été si désespérant : on compte en Europe deux millions de malades du cerveau (160.000 en France, autant que les populations de la Lozère et des Basses-Alpes réunies) et plus du tiers des lits sont réservés dans les hôpitaux. Depuis la guerre, le nombre des affections mentales a tellement augmenté qu'on a pu considérer la folie comme la rançon de la civilisation moderne.
Mais si la folie fait des progrès, la psychiatrie va plus vite encore. Aujourd'hui les méthodes qui, naguère, faisaient des aliénés de véritables morts vivants, ont été complètement revisées. Des traitements révolutionnaires, chirurgicaux, médicaux et psychologiques attaquent le mal de partout. Dans La fin des asiles, vous suivrez la lutte passionnante des psychiatres.
Il faut lire ce livre, lucide, généreux et documenté, que personne n'était aussi qualifié que le célèbre auteur de La tête contre les murs pour mener à bien.