Les relations de l'homme et de son organisation sociale au milieu naturel ont longtemps été étudiées dans le cadre d'une opposition entre nature et société. Mais la crise écologique invite à nous interroger sur ce partage, et à revenir sur le sens de ce clivage. L'objectif de ce livre est d'éclairer les ambiguïtés du rapport à la nature des modernes, en relisant du point de vue de la nature cette histoire jalonnée par trois œuvres, Les formes élémentaires de la vie religieuse de Durkheim, La pensée sauvage de Lévi-Strauss et Par-delà nature et culture de Philippe Descola. Y a-t-il un paradoxe à parler de la nature comme d'un fait social ? Quelle signification et quelle valeur accorder aux sociétés restées indifférentes au partage entre nature et société ? Quels concepts mobiliser aujourd'hui pour faire face à la transformation de nos rapports collectifs à la nature ? Alors que la nature est de plus en plus humanisée et que les affaires humaines doivent en retour toujours plus composer avec elle, le grand partage du naturel et du social semble perdre toute pertinence.