Par des chercheurs renommés, un bilan critique de la " finance mondialisée ".
Le néolibéralisme a déjà une histoire. Depuis les années 1980, les performances de l'économie mondiale ont dépendu de façon croissante de l'humeur et de la santé des " marchés " et des institutions ? fonds de pension, sociétés d'assurance, banques ? qui transforment l'épargne en capital pour le valoriser au moyen de placements et de prêts. Sous leur pression, les gouvernements ont libéralisé, déréglementé et privatisé. La " nouvelle économie " a paru un court moment rendre vaine la critique du néolibéralisme. Mais l'explosion de la bulle Internet, la chute des Bourses, la récession ou la stagnation des économies de l'OCDE, le tournant militaire et sécuritaire après les attentats du 11 septembre ont ouvert une nouvelle période. Le regard critique sur la finance proposé ici veut contribuer à l'analyse des racines du néolibéralisme comme du tournant de 2000-2001. L'architecture de la mondialisation financière et sa " gouvernance " par les États-Unis et le FMI assurent l'acheminement de revenus du monde entier vers les grands centres financiers. Les systèmes de retraites privés, pierre angulaire de la finance mondialisée, sont au cœur de mécanismes qui bloquent la croissance de l'économie mondiale et en accroissent fortement les inégalités, en même temps qu'ils font des salariés les otages des marchés financiers. Alors que la finance a provoqué, dans nombre de pays, des crises qui ont déchiré ou affaibli leur tissu social, les États-Unis ont fait de leur position dominante dans les institutions financières l'un des piliers de leur hégémonie. Force est de se poser la question des liens avec la remontée du militarisme et la priorité sécuritaire.