L'auteur - qui est aussi poète et conférencier - a quitté le terroir ardennais que plusieurs ouvrages reconnus ont célébré, comme L'Allumeur de Réverbères, L'Argile et la Craie, Anna et Marie, Les Naufragés de l'Orage, etc., pour emmener le lecteur dans une aventure nouvelle, en plein moyen-âge, au 13e siècle.
Homme de Lettres, ancien enseignant, féru de l'Histoire des gens simples souvent héros malgré eux, il s'est passionné pour l'épopée dramatique de la « croisade contre les Albigeois » dont la légende et le folklore occitans se sont saisis pour en célébrer la mémoire douloureuse aujourd'hui encore. Il s'est attaché, dans ce roman historique, aux motivations, à la démarche des croisés « du nord » plus qu'à l'évocation de la tourmente qui s'est abattue sur le Midi, très souvent racontée, commentée.
En suivant pas à pas les quelques personnages qui se retrouveront dans le sillage de Simon de Montfort aux sièges de Béziers, de Carcassonne et d'autres cités ou châteaux, c'est tout le paysage humain de l'époque qui s'anime, ligne après ligne : les seigneurs et leurs vassaux, les « escholliers », les truands de la Cour des miracles, les nautes qui mènent leurs foncets sur la Seine et le Rhône, mais aussi les troubadours de l'âge courtois. Le lecteur est invité aux grands tournois de chevalerie comme aux cérémonies pieuses des Bonshommes cathares, dans une léproserie ou à la suite des premiers chirurgiens qui fonderont la faculté de médecine de Montpellier.
Une époque bouleversante, en vérité, quand se côtoient des moments d'émotion sentimentale profonde et des actions d'une brutalité sauvage, aussi féroce que cruelle... Une époque dont le souvenir peut encore faire frémir car, en dépit des progrès philosophiques, avec des moyens de mort nouveaux, sophistiqués, on s'aperçoit que l'homme pourrait - peut - très vite retomber dans les abominations du fanatisme, du délire de puissance comme de l'Inquisition...
Par souci d'authenticité, sachant que le langage est le meilleur témoin du temps et des peuples, l'auteur a glané et repris, ici et là, au fil des paragraphes, des mots du vocabulaire occitan d'autrefois et aussi du parler d'oïl du nord, car en ces siècles-là, le pays de France était divisé en deux grandes régions de langues différentes, avec tout ce que cela pouvait impliquer de particularités. En vérité, c'étaient deux civilisations qui étaient aux prises !
« L'affaire de la Paix et de la Foi », ainsi qu'on désignait cette croisade, est devenue l'affaire de « La Foi et de la Cendre ».