Aux sources d’une pensée démocratique et socialiste ou social-démocrate en Allemagne, longtemps occultée par le(s) marxisme(s) et par la pensée antilibérale et antidémocratique, voire crypto-nazie, ce texte intéressera ceux qui, au sujet du « couple franco-allemand » en Europe, souhaitent réfléchir au-delà des clichés sommairement pessimistes ou naïvement optimistes. Alors que l’échec des révolutions de 1848 est général, Arnold Ruge, hégélien de gauche et député au Parlement de Francfort, exprime l’espoir d’une « seconde révolution » plus radicale que la première, celle de mars 1848, et qui fonderait une république sociale et démocratique. La formule est du socialiste français Louis Blanc, avec qui Ruge, avant sa rupture avec Marx, fut en contact à Paris en 1843-1844. Opposé au despotisme ancien, au libéralisme bourgeois et au communisme et anticipant, en citant Proudhon, sur les projets autogestionnaires du xxe siècle, Ruge propose la suppression du salariat et un coopératisme généralisé avec maintien d’un État régulateur.