Tant de sciences et de savoirs ont été investis pour une objectivation des
croyances. Mais peut-on dire d'une croyance qu'elle est un phénomène
objectivable ? Et surtout qu'en est-il de la posture du sujet dans un acte de
croyance ? Certes, la croyance est un acte psychique parmi d'autres, mais qui
s'inscrit toujours dans l'horizon d'une historicité. Chacune d'elle est prise
dans un système de croyances, un contexte historique, qui détermine son
univers de sens, que le sujet en soit conscient ou non. Conscient ou inconscient,
c'est là un point clef pour définir le concept de croyance. Sommes-nous
toujours conscients de nos croyances, en partie ou en totalité ? Si toute
croyance n'est pas consciente, alors que signifie une «croyance tacite»,
implicite, involontaire ou latente, voire cachée, cryptée ou secrète ? Et si, au
contraire, une croyance est toujours et totalement consciente d'elle-même,
quel type d'accès le sujet qui la porte entretient-il à cette croyance ?
Autant de question qu'il s'agira de poser, de préciser et d'analyser à l'horizon
de deux champs distincts, qui se croisent. D'un côté, le champ des sciences
humaines, comme l'anthropologie, la psychanalyse et la philosophie, de
l'autre, le champ des religions du Livre, le judaïsme, le christianisme et l'islam.
Les dossiers sont énormes, chaque discipline avance des hypothèses, fournit
des définitions, voire construit de véritables théories, et chacune des religions
prétend savoir ce qu'il en est de la croyance ou de la foi, l'énonçant sous
cette forme singulière d'une «profession de foi». Or, il n'est pas question
ici d'utiliser tout simplement l'immense acquis des sciences humaines, pour
comprendre et pour interpréter le sens de la foi dans les trois monothéismes,
mais bien plutôt de confronter ces deux champs, afin de mettre en évidence
un certain destin de la modernité au sein des religions du Livre.