La tradition est longue où, pour apprendre le métier, l'apprenti faisait
patiemment compagnonnage avec le maître de l'oeuvre, pour
ensuite cheminer le Tour de France du savoir-faire. Lorsque l'industrie
a besoin de spécialistes en grand nombre, elle organise, avec l'aide des
pouvoirs publics, l'apprentissage aux métiers pour des bataillons
d'ouvriers. C'est sans doute pendant la période dite de Vichy que
l'apprentissage trouve sa pleine réalisation, notamment en faisant de la
pédagogie un acte éducatif majeur. Ce n'est pas là le moindre des paradoxes.
Après la période noire, l'industrie qui doit participer à l'effort
de la reconstruction nationale cherche à former en peu de temps des
ouvriers de haute qualité professionnelle et morale qui doivent fournir
l'encadrement futur. Les méthodes pédagogiques et éducatives font
alors l'objet de nombreuses expérimentations.
En s'appuyant sur le cas exemplaire de la formation pratiquée dans
les écoles de métiers d'une grande entreprise nationalisée, l'ouvrage
parcourt avec minutie l'histoire d'une transformation sociale qui a pour
enjeu la formation professionnelle.