C'est à quatre-vingt-dix ans passés que Norman Lewis, revenu de beaucoup de choses mais l'œil toujours aussi vif, a composé ce florilège de textes qui balisent un large demi-siècle de vagabondage, dans les milieux et les pays les plus divers : l'Italie en 1943 au moment du débarquement allié, l'Autriche en 1945 à l'heure où les nazis d'hier redeviennent d'excellents bourgeois tout à fait fréquentables, la Sicile de la Mafia et des petites criques désertes, l'Espagne de la répression franquiste et du boom immobilier sur la Costa Brava, Cuba à l'époque où les Américains tentent de débarquer à la baie des Cochons... mais aussi l'enfance de l'auteur dans une campagne anglaise qui, au début de ce siècle, n'est pas loin de vivre en plein Moyen Age... mais encore le Nicaragua, le Guatemala, l'Inde, la Birmanie...
Aucune leçon, aucun jugement (ceux qui connaissent Norman Lewis, qui ont lu Le Sicilien ou Naples 44, s'en doutent déjà), mais un art qui sait faire jaillir de sujets apparemment sérieux toute l'absurdité du monde - de notre monde.
La traversée d'un demi-siècle d'histoire par les chemins buissonniers d'une géographie un rien déboussolée. Et la confirmation du talent non conformiste d'un «des meilleurs écrivains du siècle» (Graham Greene dixit).