La création de l'Organisation internationale du travail (OIT) en 1919 est un moment majeur dans l'histoire sociale. Cette institution à vocation universelle se place dans la continuité d'expérimentations et de réflexions menées, depuis le XIXe siècle, par les puissances industrielles d'Europe occidentale. Ces dernières devaient alors faire face à un triple défi l'émergence des puissances du Nouveau monde, comme les Etats-Unis, les conflits avec les travailleurs, et la crainte de dumping social. Elles élaborèrent donc un cadre social inspiré de pratiques européennes, et devant servir de modèle à l'ensemble du monde.
Ce régionalisme européen, défendu par les puissances industrialisées du Vieux continent, en tête desquelles la France, influença durablement les réflexions de l'OIT. L'organisation devient dès lors un laboratoire qui expérimenta différentes formes de coopération européenne tout en les articulant à l'échelle internationale.
Ce livre, en revenant aux origines de la plus ancienne des institutions internationales, permet ainsi de remettre en question l'habituelle chronologie de l'histoire de l'intégration européenne en l'élargissant au XIXe siècle, tout en mettant en avant des problématiques qui restent d'actualités comme la régulation de la mondialisation.