Jusque dans les années 1950, Paris demeura la capitale culturelle du monde
occidental. Elle exerça un attrait quasi magnétique sur des générations entières
d'artistes et d'intellectuels. Beaucoup d'entre eux migrèrent vers la Ville Lumière
pour une période plus ou moins longue.
Durant l'entre-deux-guerres, les expatriés anglophones, américains pour la plupart,
furent particulièrement nombreux, impressionnés par la beauté de la ville,
subjugués par la prégnance de l'Histoire, séduits par les restaurants et les cafés,
attirés par la vie nocturne. L'épicentre de la communauté se situait rive gauche,
dans le quartier Montparnasse.
Paris devint un terrain favorable pour que se révèlent des écrivains novateurs et
controversés : Ernest Hemingway, puis Henry Miller. Une certaine «américanité»
trouva ainsi sa source sur les bords de Seine et investit tous les arts : peinture,
photographie, sculpture, architecture, danse, mode, etc.
Durant ces deux décennies, 1920-1930, vécurent à Paris quelques-unes des autres
figures littéraires américaines majeures comme Francis Scott Fitzgerald, John Dos
Passos, William Carlos Williams, mais aussi les Britanniques James Joyce ou
Samuel Beckett. Les femmes, dont Gertrude Stein ou Djuna Barnes, furent des
actrices à part entière dans cette révolution du modernisme.
À la citation «L'Amérique est mon pays et Paris est mon chez-moi» de Gertrude
Stein pourrait répondre le refrain de la chanson «J'ai deux amours, mon pays et
Paris» de Joséphine Baker. Ces deux adages résument ce que fut cette aventure
singulière de la Génération perdue.
Ce livre reflète l'atmosphère toute particulière qui enveloppa ce Paris des Années
folles grâce - entre autres - à près de 180 photographies signées des plus grands :
Berenice Abbott, Eugène Atget, Brassaï, Henri Cartier-Bresson, Gisèle Freund,
André Kertész, Man Ray, Alfred Stieglitz, Edward Steichen ainsi que de talentueux
professionnels de presse et anonymes qui, tous, surent capter l'air du temps créatif.