Lorsque, sur la fin du mois de mars 1562, le prince de Condé lance un appel aux Eglises protestantes en vue d'une mobilisation générale des fidèles de l'Evangile, le royaume de France est pris dans la spirale d'un processus accéléré de changement historique qui, d'une situation de rupture de l'unité religieuse, le fait basculer dans la guerre civile. Catholiques et calvinistes vont désormais s'affronter, de manière certes discontinue, durant près de quatre décennies dramatiques.
Mais ce rapide glissement dans la violence collective ne doit pas oblitérer une évidence : la Réforme française relève d'un lent travail, d'une progressive découverte qui, entre 1520 et 1562, façonne une dynamique identitaire. Sa séquence de genèse semble débuter par des expériences religieuses plurielles, empiriques et bien souvent instructurées, dont certaines s'amplifient ou se transforment en des attitudes schismatiques que la répression étatique ne parvient pas à brider et que, tardivement, le calvinisme fixe dans un ordre confessionnel.
C'est cette histoire que ce livre, en se fondant sur la diversité des approches historiographiques, tente de recomposer.