C'est d'une main de fer que Djamaluddin Kemirov tient désormais l'Avarie-Dargo-Nord, une république du Caucase coincée entre les montagnes et la mer Caspienne. Sa parole, guidée par une interprétation toute personnelle du droit coutumier et de la
mystique islamique, vaut plus que la loi fédérale russe. Son frère Zaour est un président sage et ambitieux. La force et le sang font le reste.
Zaour veut propulser la région dans l'ère moderne par la construction d'une plateforme gazière. Il s'adjoint les services de Kirill Vodrov, brillant consultant russe d'une firme occidentale qui apporte la technologie et les vingt milliards de dollars de capitaux. Sanctifier ou annihiler, Djamal peut tout, sauf calmer l'appétit de ceux qui veulent leur part du gâteau. Au premier rang desquels Moscou, qui regimbe, louvoie et finit par envoyer ses troupes sur place sous couvert d'exercices. L'idée : spolier l'usine par la force, la menace et la ruse.
Perdu dans ce monde d'outre-guerre en proie au chaos, pris en tenailles entre l'appétit de Moscou qui n'a d'égal que son niveau de corruption et la logique des cavernes qui sent la chèvre et les douilles de mitraillette, le consultant russe cède à la passion caucasienne et se laisse dévorer par l'amour-brasier d'une Tchétchène à l'âme sublime, ignorant qu'il embrasse un destin tragique.
Porté par une écriture plus nerveuse et tendue que jamais, La gloire n'est plus de ce temps clôt de façon magistrale la « Trilogie du Caucase ».