Parmi les nombreux bouleversements géopolitiques
survenus à la suite des attentats du 11 septembre, le
plus spectaculaire est la constitution d'une grande
alliance stratégique russo-américaine. Mois après
mois, George W. Bush le moraliste et Vladimir
Poutine le pragmatique enterrent définitivement la
«petite guerre froide» des années 1990. Pour la
première fois depuis la Deuxième Guerre mondiale,
Russes et Américains se retrouvent côte à côte pour
combattre un ennemi commun : le fondamentalisme
islamiste. Du conflit tchétchène à la transformation
de l'OTAN, de la lutte contre les réseaux d'Al-Qaïda
en Asie centrale à la coopération énergétique,
Moscou et Washington ont ouvert une nouvelle ère
de leurs relations. George Bush installe ses troupes
dans l'arrière-cour de la Russie tandis que Vladimir
Poutine gagne du temps pour remettre en état son
pays ravagé. La dimension pétrostratégique constitue
le moteur de la nouvelle alliance et permet de lier
étroitement le brûlant dossier irakien à l'Arabie
saoudite, sur fond de combat contre l'islamisme.
D'Israël à la Chine et de l'Iran à l'Inde en passant
par l'Europe et le monde arabe, les puissances doivent
d'ores et déjà se positionner face à cet axe nouveau
et déroutant.