La Grande Comore est sous protectorat français depuis 1886, à la suite de l'accord établi par
le naturaliste Léon Humblot avec le roi Said Ali. Après l'exil de ce dernier, le colon reste le seul
représentant de la France jusqu'en 1896. Sa "Société" a tous les pouvoirs. Pour limiter ses abus,
Paris finit par nommer des Résidents.
La Résidence est un bâtiment construit tout d'abord par Humblot pour abriter la douane. Du
haut du belvédère, Pobéguin prend des clichés des scènes qui se déroulent sur la place de
Badjanani et sur la plage. Il parcourt l'île en compagnie de ses adjoints et d'un garde comorien,
et se rend en baleinière à Fumbuni et à Mitsamihuli. Il fréquente, par nécessité, l'équipe de Léon
Humblot, bien que de graves conflits l'opposent au colon qui manipule les notables comoriens
pour obtenir son départ.
La société comorienne ancienne apparaît de manière tangible dans les clichés et les récits qui
les accompagnent. Architecture, occupation de l'espace, scènes publiques, portraits privés, activités
commerciales et maritimes, les thèmes abordés illustrent la dynamique interne de cette société
et son inscription dans l'espace régional aux tout débuts de la colonisation.