Les balles de fusil rentrent dans l'air comme
dans du feutre. C'est un bruit mat. Encore des coups. On
ne les a pas dénombrés, l'esprit n'est pas au calcul. Ils
semblent trois fois plus nombreux. Les bombes tombent.
Des femmes entassées dans un café poussent des cris de
femme. C'est un bombardement.
Pendant les premiers mois de la Grande Guerre,
Albert Londres est correspondant militaire sur
le front français - l'occasion pour lui, selon une de
ses formules qui restera célèbre, de «porter la
plume dans la plaie».
Dans un style lyrique et enlevé, où souffle un
patriotisme non dénué de lucidité, le jeune
journaliste - il vient d'avoir trente ans - partage
le quotidien des soldats, erre au plus près des
batailles et, chronique après chronique, se fait le
témoin de la grande Histoire.