Le territoire étudié couvre les 81 communes de
l'arrondissement de Narbonne, l'est du département de l'Aude,
domaine de la viticulture de masse depuis la fin du XIX° siècle.
Il compte plus de 100.000 habitants en 1914. Il s'agit
d'observer l'arrière, un «arrière» particulièrement loin du
front, là où normalement il ne se passe rien puisque la guerre
est ailleurs, à 900 kilomètres. Or la guerre est présente dans sa
brutalité : 96 morts parmi les soldats de l'arrondissement pour
la seule journée du funeste 20 août 1914. Le conflit, vu de cet
«arrière viticole», acquiert une résonnance étrangement
moderne contenant en germe la vie dans la Seconde Guerre
mondiale. On y trouve déjà l'obligation du rationnement
alimentaire, le contrôle de l'opinion, le renforcement de
l'autorité centrale. Bien sûr, la guerre est subie par les
populations mais dès les premiers jours elle façonne les modes
de vie. Elle marque durablement la population audoise. On
peut parler de guerre totale.