« Chargée d'étudier sur place les communications rapides du Golfe persique au Caucase, notre mission ne trouvait donc sur la carte d'Asie que deux itinéraires possibles.
Aborder le plateau persan au Nord-Est de Bagdad par le défilé du Zagros et, de là, par Hamadan, Kazvin, Enzeli et Bakou, atteindre la ligne ferrée de Tiflis ; ou bien éviter la traversée de la Caspienne, en suivant, à partir de Kazvin, la route de Tauris, pour arriver dans cette ville à la tête de ligne des chemins de fer d'Arménie russe.
Notre itinéraire serait donc Bagdad-Kazvin-Enzeli ou Bagdad-Kazvin-Tauris suivant que nous aborderions le Caucase par l'Est ou par le Sud.
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Le 27 janvier, au lever du soleil, Paris et la France sont déjà loin. L'express descend le versant italien des Alpes, couvert de neige. Dans le compartiment encombré d'une pile invraisemblable de bagages, notre petite expédition se met joyeusement au travail ; la tâche est distribuée rapidement à chacun : administration matérielle, rédaction du journal de route, travail des cartes, chacun y met simplement du sien, sans distinction de grade. Ainsi doivent faire de bons compagnons se lançant dans l'inconnu pour une tâche difficile.
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Nous voilà chevauchant gaiement à travers les montagnes aux teintes bleu cendré, heureux de respirer l'air pur des sommets et de coucher le soir, sous le ciel limpide de Perse. »