Est-il possible que quelqu'un ait menacé Jean Renoir de le faire fusiller par les Allemands pour avoir réalisé La Grande Illusion, deux ans avant le début de la Deuxième Guerre mondiale et l'occupation nazie ?
Oui, c'est possible.
Est-il possible qu'un autre, ami du premier, ait préconisé d'opérer la « circoncision nasale » sur les femmes appartenant à l'ethnie qu'il qualifie de « putain » ?
Oui, c'est possible, et un film de Joseph Losey le campe durement.
Est-il possible qu'un troisième, ami des deux autres, ait plongé dans des archives et hanté les cimetières pour s'efforcer de prouver que Bernanos, Robespierre et de Gaulle étaient de sang impur ?
Oui, c'est possible.
Il ne s'agissait pas de délirants obscurs, de marginaux, d'illuminés ou de cracheurs de haine anonymes comme il s'en répand tous les jours sur Internet, ni de personnages d'une uchronie morbide. Mais d'un écrivain célèbre, d'un ethnologue occupant des fonctions officielles à la tête d'institutions d'importance et d'un expert en onomastique renommé à l'époque.
« Le temps du désastre se déroule en sens inverse du temps chronologique. Au lieu de nous en éloigner, il nous en rapproche », écrit Rachel Ertel.
Roman noir, fable, conte cruel plutôt qu'essai ou pamphlet, ce livre traverse comme un cauchemar des temps sans pitié.