La découverte, dans le port de commerce de Toulon, d'un superbe canon de bronze portant à la fois l'emblème de François Ier et les armes de Louise de Savoie, est à l'origine d'un travail où se mêlent recherche historique et archéologie sous-marine, et qui nous conduit sur la piste d'une grande nef royale nommée la Grande Maîtresse.
Ayant d'abord appartenu à René, bâtard de Savoie, porté à la charge de Grand Maître de France par son neveu François Ier, la nef est achetée, après la bataille de Pavie et la mort de René, pour le compte de la couronne de France, à l'initiative de Louise de Savoie, alors Régente du royaume.
Si l'épave du navire se dérobe toujours, ce qui émerge de cette recherche, c'est l'étude minutieuse d'une série de treize textes manuscrits qui lui sont en bonne partie consacrés. La transcription de ces documents provenant de la Bibliothèque nationale, des Archives nationales et tout particulièrement des Archives départementales des Bouches-du-Rhône, nous révèle non seulement une description très précise du navire et de ses équipements, l'évaluation de son coût, mais aussi un vocabulaire maritime spécifique particulièrement riche qui constitue une référence pour la marine du Levant au XVIe siècle.
Tout au long de ces textes apparaît une cohorte de personnages, du plus humble au plus haut placé, liés d'une manière ou d'une autre au destin du navire prestigieux. A travers leur biographie apparaissent le quotidien de l'administration royale, celle de la Provence et celle de la Marine, et les hommes, souvent pittoresques, qui ont à Marseille la haute main sur les armements au commerce ou en course, ou bien encore pour le service du Roi.
La description et la gestion de l'artillerie dans l'arsenal de Marseille en train de naître est ainsi l'un des points forts de cette étude où se dessinent dans le détail la manière dont les vaisseaux du Roi sont armés et le soin tout particulier qu'y apporte le souverain lui même.