L'obsession sécuritaire est en train d'accoucher d'une
démocratie en liberté surveillée. Nous, citoyens du
XXIe siècle, sommes désormais tous fichés, filmés et
répertoriés. Et d'une manière bien plus implacable
que nous ne le pensons d'ordinaire. Pour s'en rendre compte,
il suffit de recenser les différentes techniques qui concourent
aujourd'hui à cette mise en mémoire de nos faits et gestes
les plus quotidiens. Du téléphone portable à la carte bancaire
ou de fidélité, du dossier médical à la carte de transport, du
suivi des connexions Internet à la multiplication des caméras
de vidéosurveillance, il n'est quasiment plus un seul espace
de notre vie quotidienne qui échappe à cette vigilance.
La possibilité de «croiser» ces fichiers contribue à réduire
encore les derniers périmètres privés dans lesquels pouvait
s'exercer notre liberté. Nos vies entières sont progressivement
scrutées et mises en cartes. Dès lors, deux questions se
posent : allons-nous accepter docilement, au nom de la sécurité,
cette perversion redoutable du principe démocratique, et
la Commission nationale de l'informatique et des libertés
pourra-t-elle nous protéger ?