Mai 1958, c'est le début d'une séquence insurrectionnelle où le sort de la France s'est joué à Alger, c'est la fin de la IVe République et le retour au pouvoir de de Gaulle savamment orchestré par le cercle des fidèles, c'est l'arrivée aux commandes d'une nouvelle équipe qui va construire et faire accepter une Constitution encore en vigueur après un demi-siècle. Bref, mai 1958, c'est un moment fondamental au sens fort du terme.
D'où vient donc que, s'agissant de commémoration, ce moment est éclipsé par rapport à mai 1968, toujours célébré, toujours commenté y compris par ses adversaires ? Les chapitres de ce livre donnent la réponse : si mai 1968 est un moment joyeux et solaire, les quatre années de guerre civile qui s'écoulent entre la prise du Gouvernement général à Alger le 13 mai 1958 et la fin de l'OAS au printemps 1962 n'ont rien que l'on aime se rappeler : une haine et une violence extrêmes, l'usage généralisé de la torture, les exactions policières contre les Algériens révoltés et ceux qui les soutiennent, le mensonge officiel qui présente le retrait d'Algérie comme une victoire et le complot initial comme le triomphe de la démocratie... Écrit par un universitaire américain, ce livre dévoile les mécanismes du refoulement de cette réalité douloureuse qui a façonné durablement l'État français et ses institutions.