René Boylesve (1867-1926)
"(...) Ces soirs lourds d'été, que l'on s'accordait à trouver suffocants et intolérables, me remplissaient pourtant d'un trouble secret dont le souvenir me cause une nostalgie bien forte, et qui, sur le moment, dans ce temps-là me donnait au contraire une nostalgie de l'avenir non moins déchirante. Je me souviens de l'odeur des herbes fauchées et du goût des vrilles de la vigne que je suçais étendue sur le dos, en regardant le ciel scintillant. De quoi avais-je une envie si ardente ?"
Récit à la première personne de l'adolescence tourangelle de Madeleine, La Jeune Fille bien élevée (1912) démontre à l'évidence que Boylesve est bien, selon le mot de Charles Du Bos, le chaînon nécessaire entre Flaubert et Proust.