Pour guider sa petite-fille dans l'exploration du pays judiciaire, terre de contrastes que se disputent une Justice rêvée et la justice vécue par les justiciables, Gilles Perrault dispose d'atouts précieux.
Très jeune, au début des années 1950, il s'inscrit au Barreau de Paris. Pendant le temps passé sous la robe noire, il ne plaide aucun " grand procès " mais devient l'un des soutiers de l'institution judiciaire à laquelle sont confrontés les justiciables ordinaires. Son départ du barreau ne signifie nullement désintérêt pour la scène judiciaire. En 1978, la publication du Pull-over rouge, ouvrage consacré à l'affaire de Christian Ranucci, jeune homme de 22 ans condamné à mort et exécuté le 28 juillet 1976 à la prison marseillaise des Baumettes, lui fait reprendre le chemin des palais de justice. C'est pour s'assoir, non plus sur le banc de la défense mais sur le banc d'infamie. En ces années-là, il conquiert avec vélocité, entre Marseille et Aix- en Provence, le titre de champion de France de la condamnation pour diffamation de la police (en l'occurrence, la sympathique police marseillaise).