La langue confisquée
Tout au long du règne de Hitler, Victor Klemperer prend note, dans son Journal, des graves distorsions infligées à la langue allemande par le nazisme. Les enseignants seront désormais soumis à une « révision nationale et politique » - comme les voitures, note-t-il en 1934. Quant à l'adjectif « fanatique », il passe du registre péjoratif au registre laudatif. Klemperer assiste en fait à une inversion sémantique généralisée, dont il consigne chaque manifestation. Il en tirera LTI, grand livre sur la manipulation de la langue par l'idéologie.
La Langue confisquée restitue ce geste critique qui aide à comprendre que la langue est un révélateur. Elle ne ment jamais : c'est elle, toujours, qui dit la vérité de son temps. Frédéric Joly, lisant Klemperer, nous aide ainsi à faire face au nôtre.