La libellula, poème clef dans l'oeuvre d'Amelia Rosselli, daté de 1958, marque le départ d'une poétique exposée pour la première fois dans Variations de guerre. Rosselli y compose son « délirant flux de pensée occidental » en une métrique inédite, tissée de citations empruntées aux poètes qui l'ont formée et dont elle se dégage autant qu'elle leur rend hommage. Le poème avance en un mouvement rotatoire semblable à celui des ailes de la libellule et ce mouvement même est celui d'une libération clairement indiquée par le soustitre « Panégyrique de la liberté », que Rosselli traduit « tour du pain de la liberté ». Liberté qui s'exerce et se partage tout au long de ce « libello », diminutif de liber, selon l'étymologie latine qu'elle associe au titre : un petit livre-détonateur.