La vie politique suisse est en pleine ébullition. Depuis les années 90, tous les partis suisses sont confrontés à de multiples remises en question, dont l'antagonisme classique libéralisme/communisme avait retardé le traitement. La chute du Mur de Berlin a toutefois, et subitement, rappelé que la vie politique de notre pays, à l'instar des autres, n'est pas immobile, qu'elle n'est pas condamnée à la simple gestion des affaires publiques, dans une sorte d'équilibre miraculeux et un partage du pouvoir calculé au millimètre. La Suisse a ainsi dû apprendre que, malgré ses rouages complexes, elle n'échappait pas aux grands débats idéologiques que la fin du communisme a ravivés, alors que l'on croyait à leur disparition définitive.
En Suisse, l'histoire des partis politiques est encore assez mal connue. Et c'est encore plus vrai pour les partis que l'on classe au centre ou à la droite de l'échiquier politique. Or, c'est précisément sur ce « territoire » politique que les bouleversements ont été les plus profonds, avec l'émergence inattendue, puis analysée souvent de manière insuffisante dans les états-majors des autres formations, de l'Union démocratique du centre (Schweizerische Volkspartei dans sa version alémanique).
Comment ces droites suisses, car c'est au pluriel qu'il convient de les nommer, se sont-elles constituées ? Quel fut leur parcours avant d'atteindre la forme qu'on leur connaît aujourd'hui ? La vie politique suisse a toujours été plus mouvante qu'on ne l'a longtemps imaginé : alors à travers quelles recompositions successives ces partis dits de droite ont-ils dû sinuer pour se retrouver dans la position qui est la leur ? Le présent ouvrage entend donner quelques pistes de réponse à ces interrogations, des pistes destinées à éclairer l'histoire de ces partis.
Mais ce livre souhaite aussi fournir quelques clés d'interprétation possibles pour tenter de comprendre le contexte qui a permis une complète redistribution des cartes au sein de la droite, à partir des années 90. En d'autres termes, il s'attache à apporter des éléments de réponse à la question de savoir comment, alors que le XXe siècle tirait à sa fin, les deux grands partis traditionnels du centre droite, le parti démocrate-chrétien et le parti radical-démocratique, ont subi une série de revers, au profit d'un parti, l'Union démocratique du centre, qui, de parti que l'on peut qualifier de populiste, a fini par dévoiler un profil bien plus complexe qu'on ne le pensait a priori.