La liberté d'expression est-elle bien ou mal assurée en France aujourd'hui ?
Le traitement juridictionnel des oeuvres littéraires et artistiques a-t-il
un effet réfrigérant sur la création ? L'incrimination des offenses religieuses
et des opinions racistes, sexistes, homophobes, handiphobes est-elle une
modalité de la démocratie des identités ou plutôt de la political correctness ?
Pourquoi était-il vain d'attendre de la Cour de cassation qu'elle transmette
au Conseil constitutionnel une question prioritaire de constitutionnalité
sur le négationnisme et le révisionnisme ? La concurrence des mémoires ne
condamne-telle pas les juges et les législateurs à agrandir le nombre de vérités
historiques notoires dont le droit prohibe la contestation ? L'interdiction de
la publicité politique à la télévision n'est-elle pas devenue obsolète ? Les
règles dites de maîtrise des antennes audiovisuelles n'aseptisent-elles pas le
débat public à la télévision ? Ce sont autant de questions abordées ici en
évitant la prémisse courante que sont les concepts de censure et de police des
discours, parce qu'ils sont surchargés de connotations historicistes à partir
desquelles il est difficile de rendre compte de ce que font, aujourd'hui, les
juges et les autorités de régulation investis de prérogatives en matière de
liberté d'expression. L'auteur prend donc au sérieux le système complexe et
inédit de normes juridiques, de valeurs et de sensibilités à l'intérieur duquel
sont résolus les problèmes et les litiges intéressant la liberté d'expression,
étant admis que le caractère national de ce système de références juridiques,
politiques et symboliques n'est pas annihilé par la jurisprudence de la cour
européenne des droits de l'homme.