La littérature après coup
Le héros d'Amnesia in litteris, courte nouvelle de Patrick Süskind, balayant du regard les livres qui garnissent sa bibliothèque, prend conscience qu'il a tout oublié de ses lectures. Oubliés les comédies de Shakespeare, les volumes de Handke, Rousseau, Tristram Shandy... Seul demeure, de la lecture des Possédés, le souvenir, dans le second tome, de quelqu'un qui se tue d'un coup de pistolet. « Trente ans que je lis pour rien, déplore-t-il. Des milliers d'heures de mon enfance, de ma jeunesse et de mon âge adulte, passées à lire et à n'en retenir rien qu'un immense oubli. » Cette petite histoire correspond à une expérience suffisamment commune et reconnue pour que l'on ne puisse guère la contester : il reste bien peu de choses de nos lectures et il est vrai que l'on oublie beaucoup. Mais on n'oublie pas tout.
Cet ouvrage interroge la « littérature après coup », c'est-à-dire le souvenir de lecture. Même si celui-ci n'est au mieux que la partie émergée d'un iceberg dont la majeure partie échappe à la connaissance, les quelques mots, les quelques images qui restent et s'énoncent disent pourtant quelque chose de ce qui s'est joué dans la rencontre entre le lecteur et l'oeuvre et de ce qui continue à se jouer par le souvenir.
Cet ouvrage, qui s'appuie sur de très nombreux témoignages de lecteurs, aide à l'appréhension toujours difficile de la réalité de la lecture de la littérature, de ses modalités et de ses enjeux. À ce titre, il participe d'une réflexion sur l'enseignement de la littérature.
Il intéressera tous ceux qui aiment lire et qui se reconnaîtront dans le miroir aux multiples facettes que La Littérature après coup leur tend. Les étudiants, les enseignants et les formateurs y trouveront les éléments fondateurs des théories de la lecture littéraire et des pistes didactiques.