Contrairement à une idée reçue, la théorie n'a pas dit son dernier mot en matière de littérature. Elle trouve peut-être un souffle nouveau en s'inscrivant ici dans un dialogue intercontinental entre France (Europe) et Argentine (Amérique du Sud). L'assimilation de la littérature à un « échange », au sens anthropologique du potlatch, s'appuie sur deux notions, redécouvertes ou redéfinies, l'arrièretexte, qui renvoie à l'inscription du sujet dans le monde, et la parole, écrite ou orale, acte verbal par quoi il signale sa singularité. L'inflexion de l'oral vers l'écrit introduit dans l'écho d'une parole à l'autre le facteur temps. Après un premier bloc théorique s'ouvrant sur la traduction inédite d'articles publiés en Argentine, puis interrogeant le vocabulaire de la théorie littéraire, les variations de focale qui suivent oscillent entre deux pôles : élargissement, notamment au mythe et à la fiction, et confrontation à des corpus et à des auteurs particuliers (Bonnefoy, Breton, Char, Michaux, Prévert, Rabelais, Aragon, Queneau).