La lumière est plus ancienne que l'amour
Un lundi de 1348, alors que l'Europe sort de la peste noire, le futur pape Grégoire XI vient exiger du peintre toscan Adriano de Robertis qu'il détruise sa dernière oeuvre, la blasphématoire Vierge à barbe. Le 25 février 1970, Mark Rothko se tranche les veines dans son atelier de New York. Et le 11 septembre 2001, alors que se profile une crise mondiale, Vsévolod Semiasin, un célèbre peintre russe, écrit une lettre dans laquelle il révèle les raisons de son geste fou : manger la toile qu'il vient d'achever. L'histoire de ces trois maîtres, dont la base est l'énigme de cette Vierge à barbe, pose une question unique : celle du rôle et du pouvoir de l'art. Entre ces trois destins, Bocanegra, le narrateur, tisse des liens qui recoupent les moments cruciaux de sa vie dont chacun entre en résonance avec l'histoire racontée.
Proche par sa thématique du Chef-d'oeuvre inconnu de Balzac, La lumière est plus ancienne que l'amour excède le roman, comme une oeuvre d'art est toujours plus riche que l'interprétation qu'on en peut faire. Les fulgurances intellectuelles et les trouvailles romanesques en font un bonheur de lecture.