Vieille enfant arrimée au sol
tout à l'heure elle sera rendue à la terre qui colle à ses semelles
mais le temps d'un saut de dix sauts elle a conquis la liberté.
Joëlle aurait pu écrire « arrimée au Sud » à Cassis, au Cap Canaille qu'elle n'a jamais voulu quitter. Tous les matins, elle se baignait sur la plage du Bestouan, d'où elle rêvait autant à son enfance, à ses ancêtres qu'à Virginia Woolf ou Louise Colet.
Joëlle Gardes était linguiste, grammairienne, spécialiste du poète Alexis Saint-Leger Leger, Saint-John Perse, dont elle a dirigé la fondation à Aix-en-Provence mais aussi traductrice de l'italien, romancière, auteur de pièces de théâtre (jouées), de nouvelles. Dans les dix dernières années de sa vie, elle a consacré son écriture personnelle à la poésie avec un talent sûr et une foi inébranlable « aux mots, au silence » tout en enseignant cette même poésie et la rhétorique à Paris IV.
Elle nous a quittés le 12 septembre 2017. Cet ouvrage est son premier livre posthume. Je devais le lui remettre dans son jardin aimé : « la fleur aujourd'hui est autre et autres le vent qui se lève et la vague qui bat contre le rocher » le 6 octobre. Les galets du Best One n'auront plus la même couleur. De même,
le goût jamais égalé du café au lait glacé dans les longs après-midi d'été.
Jeanine Baude