Une nuit, un incendie éclate dans une prestigieuse bibliothèque. Cesare,
le bibliothécaire, qui s'y est attardé, se précipite dans le bureau du
conservateur pour téléphoner aux pompiers. Il y découvre un jeune journaliste
(Manuel) et un vénérable professeur, en compagnie de la belle
assistante de celui-ci, complètement nue. Après l'avoir sauvée des
flammes, Cesare apprendra qu'elle était le centre d'un rituel orgiaque :
«adorer un organe sexuel féminin» pour déboucher sur des pratiques
magiques. Transformé en héros malgré lui par la presse qui le harcèle,
Cesare s'enfuit, mais il n'échappera pas aux journalistes. La police se
perd en conjectures sur l'origine de l'incendie et son rapport éventuel
avec l'orgie. Cesare se penche sur l'énigme et se demande s'il en a été
complice sans le savoir. Sa raison résistera-t-elle aux mystères qu'il
affronte, à la cécité qui le menace, à la tentation du suicide ? Le diabolique
Manuel serait-il son double, sa face cachée ? Qui tuera qui ? Jekyll
ou Hyde ?
Erotisme et magie noire, humour et symboles, dans un roman que Mircea
Eliade appelait «fantastique et réel, joycien», probablement le plus
moderne de ses livres. Mais également prémonitoire : «Mon propre
drame, que je ne soupçonnais pas encore, mais que le «mystère» de La
lumière qui s'éteint laissait déjà présager», a écrit Eliade dans ses
Mémoires, en pensant à Maitreyi, son amour indien. Il pouvait encore
moins soupçonner que, plus de cinquante ans après, l'incendie de sa
bibliothèque à Chicago aurait sur lui des effets dont il ne se remettrait
pas.