La magie du politique
Mes années de proscrit
La Guerre d'Algérie (1954-1962) a suscité des vocations de réfractaires. Insoumis, refusant de répondre à leur appel sous les drapeaux, déserteurs quittant illégalement leur camp militaire en France ou en Algérie. Parmi les premiers, quelques dizaines tout au plus, figurait un jeune appelé du contingent, Oruno D. Lara, originaire de Guadeloupe, parachutiste du Train. En garnison à Auch, refusant de combattre contre ceux qu'il considérait comme des frères, il choisit de déserter à la veille de son départ pour l'Algérie.
Le témoignage de ce Guadeloupéen évoque la situation des étudiants colonisés de cette période (AGEG, AGEM, et UEG) et leurs tentatives d'union. Il assiste au Congrès de l'Union des Antillo-Guyanais pour l'Autonomie, réunissant en 1961 les dernières colonies de la France : Guadeloupe, Guyane et Martinique.
C'est avec la complicité d'Inez Fisher-Blanchet qu'il évoque les raisons qui l'ont poussé à refuser de partir en Algérie. Décision politique mûrement réfléchie, suivie de six années d'errance pendant lesquelles, sans obtenir de droit d'asile ni de statut de réfugié politique, il séjourna en Suisse, en Allemagne, en Belgique, en Hollande et au Royaume-Uni, soumis à la répression policière et aux menaces constantes d'expulsion.
Son récit se fonde également sur une documentation inédite qui rappelle des guerres coloniales antérieures : Indochine, Madagascar en 1947, Kamerun de Ruben Um nyobè, avant qu'il ne rouvre le dossier d'un cinquantenaire concernant l'Algérie arrachant son indépendance en 1962.